Merivel, Merivel, where art thou?
Le croirez-vous, j’ai enfin réussi à boucler cette maudite traduction qui, vers la fin, ne faisait rien qu’à m’énerver !
Il est vrai qu’en douzième lecture – oui, vous avez bien lu, douzième -, il y avait de quoi saturer…
Cela étant, si vous vous souvenez de ma dernière newsletter, j’en avais même prévu une treizième, à laquelle j’ai dû finir par renoncer faute de temps suffisant, et que je réserve donc aux épreuves à relire en… avril, j’imagine.
Je vous renvoie d’ailleurs à toutes mes newsletters pour résumer la situation : sept mois de travail ardu, à raison de 6-8 heures quotidiennes – pour un taux horaire que défient seulement ceux des Indiens ou Chinois – samedi compris les derniers mois, avec juste quelques petites pauses ici et là, tel fut mon lot de traductrice littéraire travaillant une fois de plus pour l’amour de l’art – quand art il y a ; hélas, il n’est pas présent à chaque fois…
Mais si je vous dis à quoi j’ai passé mon mois de janvier, vous n’allez pas me croire.
En janvier fais ce qu’il te plaît ?
Fin décembre donc, j’avais bouclé la traduction per se (dix relectures déjà !).
Janvier s’est déroulé en plusieurs temps, à faire ce que je n’ai encore jamais fait de ma vie pour une traduction (mais celle-ci était très spéciale, je pense que vous l’aurez remarqué) : hormis une onzième relecture – pour mémoire, d’ordinaire j’en fais cinq-six – je me suis forcée à rechercher tous les adverbes en « ment » et tous les sons « ke » qui avaient dérangé mon éditrice, à leur faire une chasse intraitable – avec une fonction « rechercher » régulièrement bancale, je vous épargne la galère que j’ai endurée – et à les surligner quand les méchants étaient débusqués, parfois déjà à les modifier. Sur un texte de 450 pages ça m’a pris la semaine !!
En deuxième semaine j’ai dû tout repasser au peigne fin, cette fois, en m’arrêtant sur chaque son ou adverbe « à problème », en réfléchissant et en modifiant, et aussi en repérant tous ceux que j’avais omis en première lecture, première de janvier 2013, comprenons-nous bien!
La troisième semaine a été ma divine punition pour avoir procrastiné sur certains points et problèmes tout du long. Mais impossible pour moi de repousser plus avant à présent, j’étais bel et bien coincée, il allait me falloir enfin accomplir les ultimes vérifications qui m’enquiquinaient depuis le début : titres en latin incomplets à rechercher, citations de Shakespeare, d’Aristote, de Montaigne, plus ou moins exactes, et plus ou moins nombreuses, à retrouver, détails historiques à pister (Cromwell, Boscobel, la Restauration anglaise etc.), notes à rédiger et dernières questions à poser à l’auteur (vous parliez de vomi ou de vomitif ? Quid du mot lingerie pour un homme ? Est-ce que l’on couvre vraiment un feu pour le faire durer ? etc.).
Après quoi, en route pour la dernière semaine et l’ultime relecture !
Sauf que, sauf que…
Surprise, surprise !
Il s’est passé en route un ‘tit quelque chose que je n’attendais pas…
Je l’attendais d’autant moins qu’il s’agissait d’un éditeur qui n’avait plus fait appel à mes services depuis six ans (comme quoi, tout arrive, et ce milieu ne cesse d’être surprenant !).
Et qu’au beau milieu de toutes mes belles phrases XVIIe j’ai donc dû m’atteler à un mini essai (pour mon propre bénéfice) en anglais d’Amérique on ne peut plus contemporain, pour un maxi roman de 700 pages que l’on me propose de traduire en… six mois ! Encore des impératifs éditoriaux impérieux et contraignants, pour un futur best-seller dont, décidément, je commence à avoir l’habitude et je ne saurais trop m’en plaindre, cela rapporte souvent des petits sous inattendus, et bienvenus, après coup.
J’ai beaucoup hésité à dire oui, je ne vous le cache pas, des délais aussi courts – dans l’idéal il faudrait neuf à douze mois pour un tel volume – me stressant déjà à l’avance car n’autorisant pas le moindre fléchissement ni la moindre grippe (et en plein hiver belge, c’est un pari risqué !). 🙁
Par ailleurs, je me réjouissais à l’avance de me reposer enfin un peu, un certain temps, de me consacrer à mes propres écrits et de lancer la machine numérique (cliquer ici pour rejoindre la cohorte des joyeux acheteurs de mon e-book poétik pleaaaaase!).
But Merivel veille au grain…
Je dus donc m’en retourner à mes belles phrases XVIIe la tête pleine de ces interrogations pour mes dernières journées de relecture…
Incroyable mais vrai, je terminais néanmoins mon travail dans les temps – par contre, côté concordance, l’éditrice va s’arracher les cheveux, je suis nulle – ébahie non seulement par ma constance, mon labeur, mais aussi par ma capacité à écrire d’aussi belles phrases dans un français aussi châtié, ou désuet, fichtre, quand on sait comment je parle au quotidien, je me demande bien dans quelle case de mon cerveau j’ai été pêcher toutes ces tournures de phrases, ces passés simples et ces ronds de jambes langagiers ! Au 31 janvier 2013 à 11h 30 en tout cas, je livrai l’enfant ainsi que m’y enjoignait le contrat et que l’espérait mon éditrice qui doit publier mon joli texte en mai de cette année.
Et je répondais oui à l’autre éditeur car il faut bien vivre n’est-ce pas, et qu’il est encore bien trop tôt pour me reposer sur mon seul projet numérique.
Pour l’instant, chut, c’est top secret, je ne peux vous dévoiler ni le nom de l’éditeur français, ni celui de l’auteur américain ni celui de son livre…
N’est-ce point palpitant ? N’adorez-vous point ce suspense ?
De toute façon, j’ai négocié un mois de repos (février) pour finaliser quelques écrits et bien lancer la machine numérique, encore et toujours elle.
Donc il vous faudra attendre mars pour le début de ces nouvelles hostilités ! 😉
D’ici là, normalement, je ne serai plus tenue au secret professionnel et pourrai alors tout vous dévoiler sur ce futur projet ! 🙂
Finalement, ma newsletter n’est pas prête de s’arrêter ainsi que je le craignais, et j’espère que cela vous enchante !?
Attention, il reste encore un rebondissement possible : l’éditeur américain – ou l’agent de l’auteur, je ne sais plus – a demandé à voir mon C.V. (une première pour moi en 20 et quelques années de carrière !) histoire que leur précieux auteur ne soit pas traduit par n’importe qui. Suspense, donc, suspense…
Hé hé, elle arrive, elle arrive…
à te lire, on sent une sorte d’excitation et une impatience à nous en dire plus!
Du coup, j’attends aussi avec impatience la suite!!!!